On peut se poser la question de savoir ce qui a poussé les hommes à cette évolution.
Selon une version traditionnelle (la littérature sur la révolution néolithique date de 1930 avec les travaux de Gordin Childe) l' origine du néolithique se situe au Proche-Orient et toutes les modifications ont pour cause le changement économique lorque que les hommes sous la pression des conditions naturelles, contraintes climatiques ou démographiques, passent du stade de chasseur-cueilleur à celui d' agriculteur et d 'éleveur. La sédentarisation est alors considérée comme une conséquence, le développement de l' agriculture oblige l' homme à demeurer auprès de ses champs.
A cette conception classique s' oppose aujourd' hui une nouvelle école basée sur les résultats récents de l' archéologie orientale. Les fouilles ont apporté la preuve que les hommes ont construit des villages (civilisation natoufienne) pour y résider bien avant de modifier leur stratégie alimentaire. La domestication des céréales n' est constatée (période PPNA puis PPNB, culture sans céramique) dans cette région qu' environ deux millénaires plus tard alors que les graminées sauvages prospéraient et servaient de base à l'alimentation. L'agriculture est définitivement établie en Orient à partir de 7 000 avant J.C. et la céramique vers 6 000 avant J.C. Cette modification des rapports de l' homme avec son environnement n' est donc pas le résultat d' une réponse à une contrainte extérieure mais le fruit d' un changement de nature psychologique conduisant à une nouvelle prise de conscience de l' homme face à la nature.Ce changement pourrait correspondre à la "naissance des divinités" ou l' apparition d' une véritable religion néolithique dont on peut voir les signes tangibles dans l' explosion symbolique de la culture de Khiam en Palestine, culte de la déesse et du taureau ("Naissance et des divinités Naissance de l' agriculture" Jacques Cauvin).
Le temps est largement venu de renoncer à l' idée d' une Afrique éternellement "à la traîne" des inventions asiatiques et européennes. (Marianne Cornevin).
La céramique se révèle être bien développée , déjà diversifiée dans ses formes et ses décors. Une des techniques de décoration les plus utilisées est la "ligne ondée pointillée" (dotted wavy line), obtenues à l' aide d' un peigne de pierre. Un de ces peignes a été retrouvé à Temet.
On peut donc logiquement penser que les massifs montagneux du Sahara central et méridional constituent un des centres d' invention de la céramique à coté du foyer proche-oriental où d' ailleurs aucun site à céramique n' est antérieure à 9 000 BP.
L' analyse de ces terres cuites donnent l' impression d' une occupation permanente ou du moins prolongée des sites. L' utilisation de récipients en céramique, matériau relativement fragile, est d' ailleurs peu compatible avec le nomadisme. L'apparition de la céramique est fondamentalement liée à une modification des habitudes alimentaites et de l' économie.
Ces indices conduisent à formuler l' hypothèse qu' un processus local de néolithisation est en route dans les massifs saharien vers 9 500 BP.
La néolithisation traduit quelque chose de plus profond qu 'une simple évolution. Elle est réellement une "mutation idéologique", une révolution.
Il y a 10 000 ans cette transformation s' est opérée dans l' esprit des hommes qui vivaient dans le massif de l' Aïr. Elle s' est exprimée là par une explosion de la production de céramique.
Cette céramique permet un comportement nouveau. Permettant la fabrication de bouillies, elle est à l' origine d' une modification de la nutrition. Elle facilite l' accumulation des réserves. Elle est le signe d' une transformation du mode de pensée.La poterie, qui n'apparaitra dans la vallée du Nil que vers le milieu du 5 eme millénaire avant J-C, connaît un véritable essor dans ces montagnes du nord est du Niger.
Poterie, certainement récente, proche des dunes de Temet. Niger.